Noémie Equy (@Freeride World Tour)

Noémie Equy : la championne qui fait bouger les lignes du snowboard féminin

À seulement 24 ans, Noémie Equy, étudiante en dernière année à GEM, l’École de commerce de Grenoble, vient de remporter le Freeride World Tour, la compétition la plus prestigieuse de sa discipline, le snowboard freeride. « On est en montagne, avec des risques d’avalanche ou de chute, car on saute des barres rocheuses », détaille-t-elle. « Mais j’adore ce sentiment de liberté, même en compétition. D’avoir pendant quelques minutes une face pour moi toute seule, de choisir la ligne que je veux. » Et la snowboardeuse est avant tout animée par l’envie de faire progresser le sport féminin dans des univers encore largement dominés par les hommes, elle a organisé un rassemblement de sportives spécialisées dans les sports extrêmes, avec pour objectif de renforcer la sororité entre elles.

« Je ne m’attendais pas vraiment à faire une saison aussi belle », a confié Noémie Equy peu après sa victoire sur le Freeride World. « J’ai démarré l’hiver sans aucune attente, je voulais juste profiter. C’était déjà top d’être sur le Freeride World Tour. Il n’était pas question de se mettre trop la pression. Techniquement, je savais que j’étais à la hauteur du circuit, mais j’avais bien conscience que le niveau dans ma catégorie était assez dense. »

La snowboardeuse est parvenue à gagner ce titre avant la fin des six étapes de la compétition, puisque c’est le cumul de ses quatre meilleures performances qui détermine le classement final. La Française avait, quoiqu’il en soit, le meilleur score avant même de se présenter à l’ultime épreuve, la grande finale à Verbier, sur laquelle Noémie s’est également imposée fin mars. « Le sentiment d’être à sa place est grisant. Je suis venue avec mon insouciance et ma joie. Cela m’a probablement aidée à réussir. Ma motivation grandissait à chaque nouvelle victoire, mais le plus important était de maîtriser mon énergie, de la canaliser pour le jour J. »

« J’ai eu la chance d’explorer de nombreuses disciplines qui me permettent d’avoir un certain ‘touché de neige’ »

Le secret de telles performances ? L’expérience, sans aucun doute. Car même si elle est nouvelle sur ce circuit, Noémie fait du snowboard depuis ses neuf ans, avec notamment des années de compétition en freestyle. « J’ai commencé par faire du snowboard freestyle en équipe de France », raconte-t-elle au Figaro. « Depuis trois ans, je fais du freeride en compétition. Mais j’ai encore du mal à retranscrire ce que je sais faire depuis mon plus jeune âge dans les snowparks. Réaliser des figures en hors-piste, dans une face en montagne, est beaucoup plus exigeant. Cela demande une excellente lecture du terrain et une capacité d’adaptation constante. J’ai eu la chance d’explorer de nombreuses disciplines qui me permettent d’avoir un certain ‘touché de neige’, indispensable aujourd’hui. »

Ses modèles ? Ses amis, ses proches, dont son frère, Samuel Equy, guide de haute montagne, médaillé de bronze aux derniers Mondiaux de ski alpinisme en course par équipe. Lui aussi est passé par la case « snowboard » dans sa carrière. « Pour moi, c’est un super exemple », confie Noémie. « On se motive. En intersaison, on aime bien faire plein de choses ensemble en montagne. Lui monte en ski de rando, et moi en splitboard – un snowboard qu’on peut ‘couper’ en deux pour monter, avant de redescendre en snow ! »

Autres inspirations de la snowboardeuse : Sophie Rodriguez, qui a notamment décroché une 5e place aux Jeux Olympiques de Vancouver (2010), en half pipe. Ou encore ses amies, les snowboardeuses Lucie Silvestre, Thalie Larochaix et Marion Haerty.

C’est pourquoi la jeune snowboardeuse de 24 ans a lancé, en octobre dernier, le Sister’s Camp. Un séjour qui rassemblait au cœur des Pyrénées des femmes athlètes de tous âges et de tous horizons sportifs. Toutes ont été invitées à échanger sur les différentes problématiques dans les sports outdoor (moduler son entraînement en fonction de son cycle hormonal, les équipements sportifs pas toujours adaptés aux femmes, etc.). « Philippine Belon, cheffe cuisinière vegan, et Thibaut Adema, coach de yoga et naturopathe, étaient à mes côtés dans cette aventure », précise la snowboardeuse.

« L’idée était de prendre un temps déconnecté pour sortir de l’idée de performance, de résultats et d’image. Manger vegan, partir en randonnée, faire du yoga, respirer, et apprendre des autres pendant une semaine, voilà notre programme. Nous avons pu prendre le temps d’échanger de manière informelle en compagnie de femmes inspirantes : la surfeuse Zoé Grospiron, la grimpeuse Marie Gamen ou encore la cycliste Isabeau Courdurier. […] Avec nos critères, la performance des hommes est au-dessus de celle des femmes et j’aimerais égaliser ça. Même moi, je pense que les hommes sont plus forts ou plus doués ! Tout l’enjeu est éducatif, nous avons été élevés à voir la réussite comme cela. J’aimerais que la perception change dès le plus jeune âge. »

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