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  • Une grande famille 

    Une grande famille 

    Grimpeuses, c’est une « safe place ». Une association qui, depuis sept ans, fait la part belle à la sororité. Une respiration, façon « colonie de vacances », où l’escalade devient le prétexte idéal pour se retrouver, refaire le monde, s’épanouir et simplement se faire du bien. J’étais à Paris lors de leur dernier événement. Voici le récit de ce week-end, en toute subjectivité.

    5h00. Le réveil sonne.

    Je tourne la page de mon éphéméride :
    « Vendredi 3 octobre.
    Avec qui aimeriez-vous partir sur un coup de tête ? »

    La question me fait sourire. J’y vois un signe : je suis sur le bon chemin.

    Ça y est, j’y vais, à Grimpeuses.

    Une décision prise hier, sur un coup de tête, lorsque j’ai compris que ma naissante tristesse n’était pas qu’une histoire de SPM : je voulais être de la partie, celle écrite par mes amies à Paris ce week-end.

    @Coralie Havas
    Salomé & Clémence, deux bénévoles Grimpeuses
    @Coralie Havas

    Créer quelque chose ensemble, ce n’est pas rien

    Grimpeuses a été ma « safe place ». Un environnement bienveillant dans lequel je me suis épanouie en tant que personne.

    Ces années de bénévolat m’ont énormément appris. C’est pourquoi je serai toujours profondément reconnaissante envers cette association, que j’ai vue grandir aux côtés de Caroline Ciavaldini, sa fondatrice, pour tout le bagage de confiance qu’elle m’a apporté.

    Mais mon aventure Grimpeuses, c’est avant tout des émotions partagées. Avec les autres bénévoles, bien sûr, mais aussi avec les participantes, les coachs et tous les locaux. Elle est là, l’âme de Grimpeuses.

    C’est ce que je retiens de ces six années d’engagement.

    La page « bénévolat » n’a pas été facile à tourner. Les visios avec les autres membres de l’asso ont cessé de rythmer mes soirées. Il en va de même pour les dizaines de messages WhatsApp quotidiens. Sans parler de cette émulation permanente. Car créer quelque chose ensemble, ce n’est pas rien, croyez-moi.

    Mais « passer à autre chose » était nécessaire. Un choix, le mien, parfois difficile à assumer – surtout à l’approche des événements.

    Ensemble, c’est tout

    6h06. Le train démarre. Je suis heureuse.

    Heureuse à l’idée du week-end qui s’annonce. Le programme est simple : je vais passer du temps avec mes amies. Elles seront nombreuses à se retrouver autour de cette association – qui restera à jamais dans mon cœur. Aucun doute : ma place est à leurs côtés.

    Alors voilà, je suis en route pour Paris avec ma fidèle acolyte, Caro. Huit heures de transport, trois trains, un bus, la France à traverser… et un monde à refaire, ensemble. Une formalité.

    L’avantage du coup de tête, c’est qu’il laisse place à la spontanéité. C’est ainsi que j’ai choisi de vivre Grimpeuses cette fois-ci : en me laissant porter.

    J’avais pourtant le choix entre plusieurs casquettes : journaliste indépendante, fondatrice d’encordées, photographe, participante, bénévole ou amie. En adopter une seule aurait été bien réducteur. Alors j’ai choisi de passer le week-end en mode hybride, électron libre.

    @Sonia Charapoff
    Alice, coache à Grimpeuses, et une participante
    @Sonia Charapoff

    De la sororité

    « Elles sont où, ces femmes, dans la vraie vie ? »

    La question, posée par Victoire – une participante devenue amie -, m’avait fait sourire. Parce que je me l’étais posée, moi aussi, le 15 septembre 2018, à l’issue de la première journée Grimpeuses.

    Elle revient aujourd’hui dans mon esprit, sept ans plus tard, alors que je refais le monde avec une participante au pied d’un bloc. Nombreuses sont mes plus belles amitiés à avoir commencé ainsi.

    Il y a vraiment quelque chose de spécial à Grimpeuses, depuis le début. J’ai longtemps été incapable de mettre des mots dessus.

    Aujourd’hui, je parlerais de sororité : « une relation horizontale, sans hiérarchie ni droit d’aînesse, un rapport de femme à femme », selon l’autrice Chloé Delaume. En résumé, à Grimpeuses, nous avons toutes à apprendre les unes des autres. Ça, on n’en a jamais ouvertement parlé, mais on l’a toutes intériorisé.

    Cette réflexion m’est venue lors de la deuxième journée de l’événement parisien, dans la forêt de Fontainebleau, quand les rayons du soleil traversaient les arbres pour venir éclairer les visages heureux des participantes évoluant sur les blocs de grès.

    Une participante sur les blocs de Fontainebleau
    @Louise Dallons-Thanneur

    L’ambiance m’a ramenée à 2018, lors du premier événement qui s’était déroulé sur les blocs de La Capelle. Une nostalgie heureuse, une conclusion identique : Grimpeuses me fait du bien, me recentre.

    Et je ne suis pas la seule.

    Éline Le Menestrel, coach à Paris cette année, me l’avait dit la veille : « Merci, j’avais besoin de ça. »

    @Coralie Havas
    Eline Le Menestrel en plein coaching à Grimpeuses
    @Coralie Havas

    « Safe place »

    On s’est souvent moqué de mon implication à Grimpeuses, par le passé. « Tu devrais travailler à te construire un avenir plutôt qu’à organiser bénévolement des réunions Tupperware », m’a-t-on répété.

    Une remarque sexiste, visant à rabaisser un événement créé par des femmes et pour des femmes, à quelque chose de trivial, domestique et sans importance.

    Certes, Grimpeuses ne changera pas le monde. Mais il est indéniable que cette association a réussi, le temps d’un week-end, à créer un environnement propice à l’épanouissement de soi, en toute bienveillance, pour une soixantaine de personnes. Et ça fait du bien de savoir que de telles « safe places » existent encore dans un monde de plus en plus divisé.

    Merci Grimpeuses pour ces tranches de vie – et de rires aussi.
    Merci Grimpeuses pour les rencontres avec « tata Sonia », « maman Bao », Victoire, Louise, Alix, Salomé, Sarah…
    Merci, Grimpeuses, de m’avoir aidée à grandir.

    Au revoir.
    À bientôt.